Maurice, as-tu levé le secret de tes rites ?
As-tu dit à la mer le nom de ton passé,
Quand tu n’étais que lave et sol de diorite,
Quand le vent murmurait le chant des trépassés ?
J’ai écouté ton chant rythmé par la ravanne,
J’ai vu dans le lagon les larmes des marrons.
La montagne fumait un tabac de havane
Et festonnait le ciel de ses nuages ronds.
L’air était doux et chaud. Il gelait en mon cœur.
On eût dit que le Morne exhalait son malheur.
Mauritius, vois-tu, j’ai découvert ton ombre
Là où les filaos découpent la pénombre.
Ne garderai de toi que ton plus beau sourire
Et la sérénité qu’entrecoupent tes rires,
Quand le riche touriste décline ta beauté
Sans prendre la mesure de ton identité.