Il ne reste plus des rois de France
Que la fleur de lys,
Et de l’empire romain
Que les vespasiennes.
Et ces vestiges mêmes sont parfois confondus :
On trouvait à Paris, sur certains boulevards,
Des vespasiennes ajourées de fleurs de lys.

La roue tourne sur le pivot des systèmes politiques.
Mais, à chaque génération,
Ceux qui en font partie voient cette roue arrêtée :
Leurs yeux sont trop faibles
Pour déceler l’imperceptible mouvement
Qui l’entraîne inexorablement.
On se déchire, on se révolte,
On se fait mal,
Et quand, par chance,
On revient vivant de la juste guerre,
Quand on parvient à mourir avec des cheveux blancs,
On s’aperçoit avec stupeur que la roue
A basculé d’un rayon,
D’un tout petit rayon.
Et on regarde avec pitié les jeunes hommes
Qui ont pris la relève du déchirement, de la révolte,
Du mal,
Et qui s’arment sévèrement pour partir
À une guerre non moins juste.

Peu à peu le passé tombe,
Sinon dans l’oubli, du moins,
Et cela est encore plus étrange,
Dans le ridicule.
Les fleurs de lys des rois de France
Ornent les vespasiennes ;
Un empereur romain,
Dont on n’a plus besoin,
Laisse son nom à un édifice
Où l’on fait ses besoins.